L'Île des Morts

L'Île des Morts (Die Toteninsel), initialement, L'Île des tombeaux (Die Gräber Insel), œuvre du peintre, dessinateur et sculpteur suisse Arnold Böcklin (1827-1901), est une suite de cinq tableaux réalisés par l'artiste entre 1880 et 1886.

 

Contexte

Né en Suisse, Arnold Böcklin, considéré comme l'un des principaux représentants du symbolisme, passe sa vie entre l'Allemagne pays où il se forme aux arts et l'Italie pays où il exprime sa passion. Il débute la peinture de l'Île des Morts à l'âge de 53 ans pour le compte d'un industriel, Alexander Günther mais l'artiste décide finalement de garder la toile pour lui.


"Autoportrait avec la Mort jouant du violon" Arnold Böcklin 1872.

Le tableau représente un îlot rocheux au coucher du soleil et entouré d'eaux sombres, vers laquelle se dirige une barque conduite par un passeur ramant à l'arrière, devant lui, dans l'embarcation, un défunt debout dans son linceul blanc, un cercueil à ses pieds, regarde vers la crique de l'île. Sur l’île, se trouve au centre de gigantesques cyprès sortant de l'ombre d'une cour obscure entourée d'une haute falaise rocheuse abrupte, creusée d'entrées et accueillant des constructions blanches s'imbriquant dans la roche. L'ensemble dégage une atmosphère propre à chacun.

À la base, la première version, ne comportait pas d'embarcation occupée par deux figures et un cercueil, elle fut ajoutée après recommandation d'une cliente, marquée par la perte de son premier mari, Marie Berna Christ, tombée sous le charme du tableau inachevé dans l'atelier de Böcklin à Florence, et souhaitant en commander une version (la seconde) pour elle-même. Böcklin séduit par l'idée ajoute l'embarcation à la première version alors en cours et l'ajoutera également sur toutes les autres.

Arnold Böcklin n'a jamais confirmé l'inspiration du tableau, cependant, pendant la création des trois premières versions, le peintre vivait près de l'île San Michele située à Venise. Cette île est un cimetière rempli de cyprès, de tombeaux et bâtiments à l'architecture rappelant l'Antiquité. Béatrice, la fille de l'auteur, meurt peu de temps après sa naissance en 1870 et est enterrée sur l'île. 

Cette œuvre a connu un grand succès pendant la vie de son auteur et est également devenue populaire grâce à de nombreuses représentations et interprétations par différents artistes dans divers médias jusqu'à aujourd'hui.

 

Pourquoi une telle fascination ?

Œuvre et conception

L'œuvre en elle-même, L’Île des Morts, est un tableau marqué d’une atmosphère particulière. La masse noire très sombre des cyprès qui attire le regard comme un gouffre abyssal, en opposition avec la falaise qui l'entoure, posée sur l’eau et chaudement éclairée par le soleil, percée d’entrées qui nous poussent à imaginer ce qu’elles contiennent, vers laquelle se dirige une embarcation avec de mystérieux personnages. Le tout donne un savant mélange entre un univers ésotérique et réel, qui pousse l’esprit à se perdre sur cet îlot rocheux.

La conception de l'œuvre est aussi particulière et empreinte de mystère, initiée par une commande, Böcklin décide de garder le tableau pour une raison inconnue. Celui-ci est décliné en cinq versions se précisant au fil des demandes et du temps, Böcklin n’a jamais précisé l’inspiration qui lui a fait peindre ces traits, rajoutant une couche de mystère, mais ceux-ci semblent trop précis pour ne pas raconter une histoire…

Le symbole du symbolisme

Le symbolisme est un courant artistique apparu dans les années 1870 en Europe. Il s'inspire du décadentisme (Paul Verlaine) et prône des thèmes tels que l’ésotérisme, l’irrationnel, la mélancolie, le pessimisme, la mort… S’opposant au naturalisme (Émile Zola) qui lui s'appuie sur la science pour peindre le réel tel qu’il l’est.

L’Île des Morts est sans doute l’une des œuvres représentant le mieux l’esprit du symbolisme, Arnold Böcklin devenu l’une des principales figures du mouvement a inspiré toute une jeune génération d’artistes.
Inspirant dans un premier temps un mouvement, au fil des décennies, des représentations et des hommages rendus à l’artiste, L’Île des Morts est devenue un cas d’école dans le domaine des arts et un chef-d’œuvre au même titre que d’autres tableaux très connus.
L'œuvre est également devenue un symbole au cinéma, dans la littérature, bande dessinée, manga, jeux vidéo… représentant une île, un lieu mystérieux, la tristesse, le deuil…

 

L'Île des Morts, les versions de Böcklin

1er version (1880)

Huile sur toile, conservée au Kunstmuseum de Bâle, Suisse.

2e version (1880)

Huile sur bois, conservée au Metropolitan Museum de New York, États-Unis.

3e version (1883)

Huile sur bois, conservée à l'Alte Nationalgalerie de Berlin, Allemagne.

4e version (1884)

Huile sur cuivre, photographie de l'œuvre détruite lors d'un bombardement à Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale.

5e version (1886)

Huile sur bois, conservée au musée des Beaux-Arts de Leipzig, Allemagne.

 

Autres versions

"ALEGHER LE SOL LISULA DEI MORT" par Michele Andrich.



L'Île des Morts par H.R. Giger (1977).
Le plasticien suisse a réalisé deux versions de l'œuvre.



Le peintre et illustrateur français Pierre Peyrolle rend hommage à Böcklin à travers trois peintures à l'huile sur toile :
"Le tombeau de Béatrice"

"Hommage à l'Île des Morts d'Arnold Böcklin"

"Basileus e Principessa"



"La vraie image de l’île des morts à l’heure de l’angélus" par Salvador Dali (1932).
Le célèbre artiste espagnol a réalisé trois tableaux dédiés à L'Île des Morts.


L'Île des Morts par Frank Ulmer à l'encre de Chine.


"L'isola" huile sur toile de Fabrizio Clerici (1974).



L'Île des Morts par Victor Viard (art numérique).


L'Île des Morts par Olivier Ledroit, acrylique et collages sur toile (2016).



"Cthulhu sous l'Île des Morts" par Guang-Yang (2022).



Image du film en réalité virtuelle "L'Île des morts" par Martin Charrière (RTS, DNA Studios), (2017).



L'Île des Morts par Octambre (art numérique), (2023).



"Ectoplasmes" huile sur toile par Morgane Fourey (2023).



Le peintre allemand Siegfried 
Zademack, a réalisé une série de douze tableaux dédiés à l'œuvre de Böcklin.
"Böcklins Toteninsel, versetzt" (L'Île des Morts de Böcklin, déplacée), huile sur toile (1987).

"Ende" (Fin), huile sur toile.

"Aus den Augen, aus dem Sinn" (Loin des yeux, loin du cœur), huile sur bois (2022).



L'Île des Morts par Malaki nv10 (art numérique).



"L'Île aux Morts" par Alexandre Folliot, huile sur toile avec os (2003).


"Île Morte" par Suguru Tanaka (2013).



L'Île des Morts (Dead Island III) par Peggy Ann Mourot, encre de chine et acrylique, (2023).



L'Île des Morts par Daniel Francis (2015).



"The Dark Beyond the Hedge" par Ester Grossi (2012). 


"Avernus Transvisioned as Böcklin's Isle" par James Gleeson, huile sur toile (1989).

 

Représentations

Illustration dans "Crénom, Baudelaire !" par Dominique Gelli et Tino Gelli d'après le roman de Jean Teulé (2023).



Sérigraphie de "Lone Sloane, Gail" par Philippe Druillet (1984).


Destiny 2
, Sanctuaire de la Reine Pondeuse (2022).



L'île du Souvenir dans le parc de la Tête-d'Or, à Lyon avec son monument aux morts dédié aux victimes de la Première Guerre mondiale, construit entre 1924 et 1930 est inspiré du tableau.



Illustration par Paolo Bacilieri (2011).


Le Garçon et le Héron
, réalisé par Hayao Miyazaki, Studio Ghibli (2023).



Illustration pour le livre de Roger Zelazny "L'Île des Morts" par Philippe Caza (1989).


Cartes "Magic: The Gathering" illustrées par D. Alexander Gregory (1997) et Jason Rainville (2019).



Le Jardin dans "Alien: Covenant" réalisé par Ridley Scott (2017).

Découvre d'autres versions de l'œuvre sur Pinterest.

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